mardi 28 avril 2015

L'ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE: UNE MISE AU POINT SUR L'HOMOSEXUALITÉ

"nul n'a le droit de me blâmer, de me juger, et je précise que c'est bien la nature qui est seule responsable si je suis homo comme ils le disent"

c'est par cette citation de Charles Aznavour que Jacques Balthazart, Neuro-endoctrinologue et professeur à l'université de Liège, a choisi d'introduire son livre "Biologie de l'Homosexualité". 

ce livre , largement meublé par diverses études scientifiques sur la question de l'homosexualité , est venu répondre à tous ceux qui nient l'existence de facteurs biologiques à la détermination de l'orientation sexuelle, il retracera les avancés de la science sur la question et conclura avec un bilan mitigé, selon lequel, personne ne pourra affirmer, en l'état actuel de la science, que l'homosexualité est due seulement à des facteurs génétiques, à des facteurs environnementaux, ou à des facteurs hormonaux. 

voir l'interview avec le Professeur Balthazart

selon ce livre, on est né homosexuel, on ne choisit pas de l'etre. 

on relèvera dans cet article les points pertinents reproduits , sans pour au tant être exhaustif et on laissera au lecteur intéressé la liberté d'aller consulter cet Opus soigneusement documenté. 
il convient alors de distinguer orientation sexuelle et identité sexuelle. 

on parlera d'identité sexuelle lorsque l'individu se réclame d'un genre en accord ou en désaccord avec son sexe morphologique . 

à titre d'exemple: une femme avec des organes génitaux féminins se sentira femme dans la majorité des cas, alors qu'une femme/homme sur 10 000 pense être né(e) dans le mauvais corps, et déclare se sentir homme/femme, et on dira alors que son identité sexuelle est en désaccord avec son sexe morphologique, ce qui sera connu sous le terme "trans-sexualité").

l'orientation sexuelle, en l'occurrence, identifie le sexe des personnes vers lesquelles un individu dirige ses comportements mais aussi ses fantasmes sexuels. 

ici, on parlera d'hétérosexualité (le fait qu'un homme soit attiré par une femme (et vis versa),  et c'est ce qui se présente comme étant l'orientation majoritaire de l'espèce humaine), d'homosexualité (selon diverses études, 3% à 10%  des hommes sont homosexuels dans toutes les cultures humaines quelque soit leur attitude vis à vis de l'homosexualité) et de bisexualité. 
il convient notamment de préciser que cette proportion ne dépasse jamais les 10% et ce, selon des études qui ont été menées de 1940 (cf.Kinsey) jusqu'à aujourd'hui. 

Donc contrairement à ce que certains répètent, la proportion des homosexuelles dans les sociétés qui la tolèrent n'augmente pas et elle est ,bien au contraire, constante. 

pour illustrer ses propos,  l'auteur va citer l'exemple de certaines cultures en  Nouvelle-Guinée où l'homosexualité est la règle chez les adolescents de sexe masculin  et ces rapports sont organisés d'une manière à préserver la virginité des filles avant le mariage. 
Diverses études anthropologiques ont alors établi qu'à l'âge adulte, le pourcentage des hommes qui persistent dans une orientation homosexuelle n'est en rien supérieure à la moyenne observée dans d'autres sociétés qui proscrivent l'homosexualité, ce qui revient à dire que les craintes d'une sorte d'extinction de l'espèce humaine suite à la transformation des hétérosexuels en Homosexuels ne sont pas justifiées. 


on se consacrera dans cet article à étaler les différentes informations que nous apporte ce livre sur l'orientation sexuelle et plus précisément l'homosexualité en évinçant la question de l'identité sexuelle qui ne sera pas traitée ici vu l'impossibilité matérielle de condenser le tout dans un si petit espace. 


Comme nous l'avons évoqué plus haut, ce livre est venu répondre à une thèse largement répandue et récemment reprise par le Dr.Stéphane Clerget (2006) basée essentiellement sur des explications psychanalytiques post-freudiennes qui sont une récapitulation d'anecdotes plus que ce ne sont des explications scientifiquement prouvées. 

Par ailleurs, Jacques Balthazart insiste sur le fait que , ces explications ont été , à maintes reprises, remises en cause et se sont révélées  erronées et frauduleuses (cf. Bénésteau 2002, Dufresne 2007, Van Rillaer 1980). 
il convient alors de revenir sur la thèse psychanalytique de Freud qui constitue la DOXA chez les profanes (I) pour détailler ensuite les explications SCIENTIFIQUES apportées par Jacques Balthazart (II). 

I. THÈSE DE L'ORIGINE SOCIALE DE L'HOMOSEXUALITÉ :


on a longtemps cru que l'orientation sexuelle d'un individu est déterminée par l'éducation reçue, le bébé à la naissance serait complètement neutre de ce point de vue (TABULA RASA).


selon les théories freudiennes de l'homosexualité, pendant les deux premières années de la vie postnatale, le bébé passe successivement par des phases de sexualité centrées d'abord sur la bouche, puis sur l'anus et enfin sur le phalus (le pénis). 

à partir de 2ans, la libido de l'enfant se dirige vers les mâles (phase homosexuelle), puis vers la mère à l'âge de 3 à 5ans (phase Oedipienne). et enfin sur les femmes plus tard à la puberté. 

selon freud, l'homosexualité est un blocage du développement psychosexuel, l'individu resterait bloqué à la phase Anale (avant ses 2ans), ou il ne va pas pouvoir transiter de la phase homosexuelle à la phase Oedipienne. 

ce blocage a été expliqué par des interactions sociales essentiellement avec les parents (une absence physique ou affective du père et  la dominance du rôle de la mère pendant l'enfance). 
ainsi, une fille devient lesbienne  à cause d'une haine inconsciente exprimée par la mère. 

or si l'absence du père était responsable de l'homosexualité chez les garçons, on s'attendra à une fréquence plus accrue d'homosexualité masculine chez les enfants élevés en famille monoparentale (mère seule), une situation largement rencontrée en Europe et aux Etats Unis, or aucune étude n'a pu identifier un tel effet.


d'autres explications ont été notamment apportées, on en citera quelques unes: 


*  Une expérience sexuelle précoce, à titre d'exemple, un viol d'une petite fille par un homme qui induirait une répulsion pour le sexe qui a commis l'agression, ou un jeune garçon victime de rapports pédophiles avec un homme et qui en aurait éprouvé du plaisir et donc développera une attractivité vers les hommes. c'est ce qu'on appelle l'imprégnation ("imprinting" selon les études de Lorenz 1950).

certes, ces cas existent mais il convient de préciser néanmoins que la majorité des Homosexuels déclarent ne pas avoir vécu d'expériences sexuelles traumatisantes dans leur enfance. 

*Le Behaviorisme: une théorie selon laquelle l'orientation sexuelle est le résultat d'apprentissage conscients ou inconscients imposés par les parents ou la société en général. 

cette théorie se heurte à des objections: 
l'homosexualité ne semble pas être un trait de caractère désiré dans la majorité des sociétés et les parents/éducateurs ne semblent pas désirer inculquer l'homosexualité à leurs enfants à moins que cet apprentissage ne soit transmis contre leur propre volonté. 
s'agissant des enfants élevés par des homosexuels, on pourrait s'attendre à ce qu'ils soient prédisposés à adopter un comportement semblable à leurs parents, or les donnés disponibles  à l'heure actuelle indique que ces enfants deviennent très généralement hétérosexuels (STACEY and BIBLARZ 2001, Green 1978). 

*Le constructivisme: une théorie selon laquelle le développement de l'orientation sexuelle serait imposée par la société puis internalisée par l'individu.

selon l'auteur, si l'homosexualité était une construction culturelle, sa distribution devrait varier en fonction de l'attitude de la société or comme on l'a mentionné plus haut, les proportions des individus homosexuels sont à peu près les memes indépendamment de la société où ils se trouvent. 

Pour conclure, il n'est pas inopportun de rappeler que l'ensemble de ces théories qui attribuent le développement de l'homosexualité à des causes sociales non biologiques n'ont pas pu à ce jour apporter de données convaincantes pour supporter ces interprétations. cependant, rien n'interdit de penser que les facteurs sociaux interagissent avec le déterminisme biologique mais il doit être d'une importance relativement limitée pour avoir échappé jusqu'à présent à une mise en évidence rigoureuse. 


Il faut noter qu'à l'inverse, la biologie: la génétique et l'endocrinologie du comportement ont identifié des mécanismes qui peuvent induire l'homosexualité. 

II. THESE DE L'ORIGINE BIOLOGIQUE DE L'HOMOSEXUALITÉ: 

 Deux grands types d'explication biologiques ont été avancées pour expliquer l'orientation sexuelle;
ou bien elle est contrôlée par des facteurs hormonaux (A) ou bien elle dépend de facteurs génétiques qui pourraient modifier la production et l'action des Hormones (B). 

A. FACTEURS HORMONAUX: 


Sachant que les stéroïdes sexuels jouent un rôle clé dans l'activation des comportements sexuels chez l'animal et chez l'homme, les chercheurs ont pu logiquement imaginé que les perturbations des concentrations circulantes de ces hormones pourraient être impliqués dans le contrôle de l'homosexualité. 

la testostérone active le comportement sexuel de type mâle et l'oestradiol associé à la progestérone active les comportements  sexuels de type femelle, on aurait pu imagine que la présence de taux excessifs d'oestradiol chez certains hommes soit responsable de leur attraction sexuelle pour d'autres hommes et qu'inversement, les concentrations élevées de testostérone induiraient chez la femme une attraction sexuelle dirigées vers d'autres femmes.
cette théorie a été rejetée suite à des études réalisées sur des animaux qui ont établi que le comportement sexuel n'est pas conditionné par le type d'hormones auxquels ils sont exposées mais par le sexe de leur cerveau qui est déterminé pendant l'ontogenèse (la vie embryonnaire). 
on avait notamment comparé le taux de stéroïde sexuel chez les hommes et les femmes et  aucune différence hormonale  n'a été relevée entre homosexuels et hétérosexuels. 
on peut alors affirmer que l'orientation sexuelle n'est pas affectée par des traitements par des stéroïdes sexuels à l'âge adulte. 

une autre Théorie qui a vu le jour en 1969 par l'endocrinologue Dorner suggère que les foetus humains destinés à devenir des homosexuels à l'âge adulte feraient l'objet d'une différenciation sexuelle anormale causée par des taux anormalement bas de testostérone chez les foetus masculins, et et des taux trop élevés de cette hormone chez les foetus féminins.  

des expériences effectuées sur des rats sont venues illustrer ce postulat: 
lorsqu'on a injecté un embryon de rat de sexe femelle par de la testostérone, ça a induit une masculinisation profonde de son comportement sexuel, cette femme génétique est capable à l'âge adulte de répondre à des injections de testostérone en produisant des comportements sexuels typiques du mâle. 
on peut donc inversé par des manipulations hormonales prénatales le comportement sexuel d'un rat et produire à volonté des individus qui à l'âge adultes présentent des comportements du mâle ou de la femelle indépendamment de leurs sexes génétiques. (GOY and McEWEN 1980). 
il convient de signaler que cette manipulation est irréversible et qu'elle ne peut être effectué sur des embryons humains puisqu'il est éthiquement inacceptable de manipuler volontairement le taux des hormones embryonnaire. 

il est impossible de savoir ce qu'était le milieu hormonal auquel a été exposé un individu adulte donné  pendant sa vie embryonnaire. 

en sachant qu'une prise de sang d'un embryon humain peut provoquer une interruption de grossesse non désirée et donc est strictement encadrée, meme si on arrivait à obtenir une évaluation des concentrations de testostérone chez l'embryon humain, la mise en relation avec l'apparition de l'homosexualité chez les individus étudiés sera très compliquée puisqu'il faut attendre une 20aine d'année avant de pouvoir reprendre l'étude et voir ce qu'il en est de leur orientation sexuelle, aussi le fait que la fréquence d'homosexuels dans la population est très limitée (entre 2% à 8%) rend difficile voir impossible de telles études. 

plusieurs autres études de la différence morphologique et physique entre homosexuels et hétérosexuels ,plus détaillée dans le livre (rapport entre la taille de l'index et de l'annulaire, le volume du SDN-INAH3 chez les hommes et l'émission d'oto-acoustiques chez les femmes), viennent appuyer la thèse de l'influence déterminante de

 taux des hormones embryonnaires sur l'orientation sexuelle des individus.
d'autres facteurs ont notamment été relevés et décortiqués dans le livre qui sont susceptibles d'avoir une influence sur l'orientation sexuelle de l'individu, à savoir, le stress prénatal auquel est exposé la femme enceinte, un certain nombre de traitement comme le traitement de mères gestantes par DES (pour prévenir un éventuel avortement spontané non désiré), l'insensibilité aux androgènes etc..

B. FACTEURS GÉNÉTIQUES: 


si l'on admet que l'orientation homosexuelle se développe en tout ou en partie suite à une exposition anormale aux stéroïdes sexuels pendant la vie embryonnaire, se pose alors la question de l'origine de ces anomalies. 

selon les études reproduites dans cet ouvrage, il est extrêmement probable que l'orientation sexuelle n'est pas déterminée de façon causale strict par un seul gène et il est possible que l'homosexualité résulte d'un phénomène plus complexe qu'est l'interaction entre les différents gènes.
c'est pour cela que des études ont été réalisées sur de vrais jumeaux qui ont par définition le meme matériel génétique, selon lesquels il existerait une meilleur concordance de l'orientation sexuelle entre vrais jumeaux qu'entre faux jumeaux. 

D'autres études de transmission potentielle de l'homosexualité par voie génétique ont montré que l'orientation sexuelle chez l'homme avait tendance à se transmettre par la voie matriarcale, en d'autres termes, un homosexuel homme a une probabilité accrue d'avoir des homosexuels masculins parmi ses ascendants du coté maternel mais pas du coté paternel (pour les homosexuelles femmes, la question est plus complexe). (cf. Hamer and Pattatucci 1993).

cette transmission de l'homosexualité masculine à héritabilité maternelle est associée à la transmission de marqueurs génétiques situés dans la région q28 du chromosome X. 
d'autres marqueurs ont été  identifiés sur les chromosomes 7, 8 et 10. 


Dans ce livre, l'auteur conclut par dire que l'on nait homosexuel, on ne le devient pas contrairement à une idée trop largement répandue. 

il signale notamment que meme si on a  à l'heure actuelle des informations supportant fortement l'idée que l'homosexualité est contrôlée de façon prénatale par des facteurs hormonaux et/ Ou génétiques, nous sommes encore loin de comprendre le détail de ces mécanismes et donc de pouvoir les modifier pour obtenir un résultat spécifique. 
il appelle notamment la société à changer d'optique vis à vis de cette orientation sexuelle souvent considérée comme une perversion , un péché ou une maladie, et renvoie un message fort aux parents d'homosexuels qui, jusque là ont été touché par un sentiment  profond de culpabilité. 
l'homosexualité n'est pas en général un libre choix de vie, elle devra désormais être considérée comme une variation spontanée d'un caractère biologique. 

cet ouvrage est une oeuvre complète qui évoque en détail tous les aspects scientifiques de la question de l'orientation sexuelle, il est alors fortement conseillé d'aller le lire pour comprendre les phénomènes complexes qui influence notre sexualité. 

nous n'avons pas développé ici la question de l'identité sexuelle, néanmoins, elle est bien expliquée dans le Livre de Jacques Balthazart. 









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