samedi 7 mars 2015

Femme, Objet, mais aussi sujet. entre les deux, une joute.


Femme.
Ce matin, on la célèbre, dans le monde mais pas chez nous. 
chez nous, la femme n'était pas le fruit de la révolte. 
elle n'a pas eu  besoin d'autorisation pour se découvrir, parler, prendre les rennes et se faire entendre. 
elle a souvent été homme, avant d'être Femme. 

Madame La Tunisienne, mère, fille, soeur, amie, amour.
Madame la Tunisienne, Notre Halima, la résistante , notre Ommi Traki et khalti Founa 
et pas que. 
Mais quelle place pour la femme aujourd'hui?
sa place est partout, on la voit partout, elle a toujours été là, elle n'avait pas eu à se faire une place et pourtant, parfois, ou peut être souvent, on la tolère moins, ou on ne la tolère plus.



 "ce n'est qu'une femme", nous a-t-il dit.
IL, notre cher président de la République. 
et pourtant lui, il vient de loin, il a vu la révolution féministe des flappers, les résistantes, les 68ardes, mais surtout, il a vu SA MÈRE. 
Oui, sa mère, celle qui l'a enfanté. Elle aussi, ce n'était qu'une femme. 
le syndrome "ce n'est qu'une femme" est répandu dans la société tunisienne, il a meme son corollaire: "lui, c'est un homme". souvent utilisé pour laisser entendre que l'homme peut faire ce qu'il veut. 

Femme, Objet, mais aussi sujet. entre les deux, une joute.


       
ce qui semble , pour les uns, une évidence, est remis en question par les autres. 
il y a des années de là, un professeur m'a dit que pour lutter contre le chômage, il fallait céder la place aux hommes.  Une idée ingénieuse. 
j'étais encore enfant, mais j'avais la rage. 
un autre, plus tard, pense que je ne sais conduire parce que je suis femme. 
une femme a estimé ensuite  qu'il fallait que je fasse la cuisine.

 Et quand je lève un petit peu la voix, on me dit qu'il me faut un homme "bech ylemni", que je serais vieille fille "bayra".
il fallait aussi que je me tienne droit et que  quand je m'assoie, je joigne les jambes. 
mon voisin  a souvent les jambes écartées et ça ne dérange personne. 



À la radio, on me dit "trop faible" pour prendre des décisions, occuper des postes clés comme "ministre de l'intérieur" ou "président de la république". 
si j'ai un fort caractère, on me traite de pute, "malhat", et on dit que mon père n'a pas su m'élever, ou que mon mari ne sait pas contrôler sa femme, et tous deux ne sont pas hommes, "Tahhana" .


si  je suis conservatrice, on me dit "harza", et si on n'a rien à me reprocher, on s'attaque à mon physique, à mon rouge à lèvre trop flashy, à mes cheveux trop crépus, à mon âge.
oui, cet âge où il faut se couvrir.
mais aussi à ma profession, il ne faut plus chanter, ou faire la comédie, c'est prohibé, c'est HARAM, Rabbi Yahdini.
On célèbre la femme, mais pas chez nous. 
Chez nous, on l'insulte. 
on l'aime, mais on la frappe. on pense aussi qu'elle est la source du mal. 
s'il y a viol, c'est parce qu'elle est sexy, s'il y a adultère, c'est parce qu'elle est moche, si on la frappe, c'est parce qu'elle est mal-élevée, si chômage il y a , c'est parce qu'elle est sortie travailler, si on s'énerve sur la route, c'est parce que c'est une femme qui bloque le passage. 

si on ne l'insulte pas, on refoule tout mépris envers elle derrière nos allures de progressistes.
on la laisse aller à l'école, mais si on la voit avec  son camarade de classe dans la rue, on l'immole par le feu. 
on couche avec toutes les filles, mais on épouse une vierge. 



si une femme se remarie, c'est une pute. 
si elle rentre tard le soir, c'est une pute. 
si elle est intelligente, c'est une pute. 
si elle est célibataire, c'est une pute. 
si elle est mariée, et qu'elle est intélligente, c'est une bayra quand meme! 
si elle est belle, elle est moche.
si elle est irréprochable, elle est soumise. 
si elle parle, elle doit se taire.
si elle ne parle pas, elle n'a pas de personnalité. 

Enfin, Je Suis Femme, et Avec plaisir.  





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