mercredi 18 février 2015

LE DOGME DE l'IMPRESCRIPTIBILITÉ DE LA PAROLE DE DIEU

"Le sens de l'histoire est que Dieu a créé l'Humanité, et connaissant bien ses créatures, il a décidé en toute lucidité de la priver du droit à légiférer que les hommes persistent à s'attribuer" tels étaient les propos de Sayyid Qutb dans son Opus, "les jalons sur la route de l'Islam". 
Cette idée est généralement réconfortée par une autre qui consiste à croire que la parole de Dieu doit être de la  meme nature que Dieu lui meme, Dieu étant éternel, chacune de ses paroles ne pourrait être qu'éternelle comme lui. 

Dans le livre de mahmoud Hussein, "ce que le coran ne nous dit pas", on développe la thèse contraire, qui est celle de la prescriptibilité du livre saint, en affirmant que "Dieu et sa parole n'ont pas le meme statut, Dieu transcende le temps, sa parole est inscrite dans le temps". 


Pour soutenir  ces dires, l'auteur évoquera un certain nombre de faits dont tout musulman ne pourra contester la véracité, à savoir que "la parole de Dieu ne se présente pas comme un monologue mais comme un échange entre Ciel et terre",  que "Dieu dialogue en temps réel avec la communauté des premiers musulmans", que "la parole de Dieu épouse un language, une culture, des questionnements qui sont ceux de l'Arabie du VIIème siècle". 


Il rappelle ensuite qu'il  faut faire une lecture qui replace le texte dans son contexte, que Dieu n'a pas donné à tous les moments de sa parole la meme portée et qu'il a meme abrogé certains versets en en révélant d'autres (ce que l'on appelle en Arabe "ANNASKH"). 


Un autre penseur contemporain, Tariq Ramadhan a été questionné au  sujet d'un certain nombre de châtiments corporels qu'impose la lettre du coran pour punir certains agissement tel que la flagellation pour les adultérins, la peine de mort, l'amputation des membres pour les voleurs, etc...).


Selon Tariq Ramadha, bien que la lettre du texte est claire, comme on a fait pour abolir l'esclavage, on devrait ouvrir le Débat pour discuter de la pérennité de ces pratiques, que les savants musulmans devront se poser trois questions pour répondre à la question de savoir s'il faut continuer à appliquer ces textes:

1.IL FAUT LIRE LA LETTRE DU TEXTE: PRENDRE LES TEXTES AU SERIEUX
2.QUELS SONT LES CONDITIONS DE l'APPLICATION DE CES TEXTES
3.DANS QUEL CONTEXTE SOCIAL. 

Il est claire que Monsieur Ramadhan, comme beaucoup d'autres , rejoigne  le raisonnement de Mahmud Hussein. il faut ouvrir le débat, parce qu'il est claire qu'il existe dans la lettre du texte des versets qui choquerait la société s'ils venaient à être appliqués. 

ce débat a été encouragé par le prophète, il l'a appelé "AL IJTIHAD". 

Cependant, il y a une tendance chez les musulmans de se refuser la remise en question des versets claires "AYAT SARIHA". 

il y a meme chez les musulmans une tendance à ne pas vouloir faire une interprétation personnelle des textes du coran, sous prétexte qu'ils ne sont pas assez armés pour le faire, qu'ils n'ont pas assez de connaissance, que les savants "OULEMA" ont une compétence exclusive en la matière. 
faut il leur rappelé que la première sourate révélée au prophète lui ordonnait de sortir de son ignorance? Dieu, par l'intermédiaire de l'ange Gabriel lui a clairement dit "Iqraa".

Il parait incompréhensible que ceux qui prennent les textes au sérieux sont les memes qui continuent à ignorer ce mot "Iqraa" (Lis!) et prétextent l'ignorance pour ne pas cogiter, pour ne pas chercher les réponses aux questions sur des sujets aussi intime que le mariage, la sexualité. 

cette tendance qui encourage la passivité intellectuelle, qui lie le destin de la "Oumma" à quelques hommes qui prétendent savoir et interprètent comme bon leur semble la question de Dieu. 
les musulmans croient en  l'au delà, ils croient aussi qu'il y'aura le jour du "HISSAB", le jour où Dieu nous demandera ce qu'on a fait sur terre.
ce jour là, il sera inopportun de dire qu'on ignorait, qu'on ne savait pas, ou qu'on s'est abstenu à croire aux dires des savants. "ils nous ont dit de tuer les Kuffars, alors on l'a fait, on a meme égorgé des enfants, enfants de kuffars". 

Revenant à Qutb, cet illustre penseur que bon nombre de musulmans admirent pour sa haine de l'occident, sa pensée contredit clairement ce que la "Sira" (la vie du prophète) nous rapporte. 

à titre d'exemple, t-Tirmidhî et Abû Dâoûd nous raconte cette anecdote de la vie du prophète: 

Le  Prophète (paix et salut sur lui) avait enseigné à Mu'âdh ibn Jabal avant de l’envoyer au Yémen comme messager des bonnes valeurs de l’Islam: "Selon quoi jugeras-tu lorsque le besoin s'en présentera ? – Selon le Livre de Dieu, avait répondu Mu'âdh. – Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans le Livre de Dieu ? – Je jugerai alors selon les Hadîths du Messager de Dieu, avait répondu Mu'âdh. – Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans les Hadîths du Messager de Dieu ? – Je ne manquerai alors pas de faire un effort de réflexion (ijtihâd) pour formuler mon opinion, avait répondu Mu'âdh." Sur quoi le Prophète avait manifesté son approbation en ces termes : "Louange à Dieu qui a guidé le messager du Messager de Dieu vers ce qu'agrée le Messager de Dieu" 


Il y a des questions auxquelles le Coran n'a pas répondu, là il est claire que le prophète nous encourage à raisonner pour trouver une solution adéquate, il y a des questions auxquelles le coran avait répondu clairement, là soit on les suit à la lettre, soit on se pose la question  de les faire évoluer à cause des solutions absurdes proposées et qui ne sont plus acceptables aujourd'hui, pour se faire, il faut comprendre l'objectif de ces versets, pourquoi ils sont là. et enfin il y a des questions auxquelles le coran a répondu d'une manière souple, vague, interprétable, là la circonspection est de mise, parce qu'on sera amené à prendre une décision PERSONNELLE selon nos propres convictions.